Avant-garde #11 : Urgence écologique
"Dans la théorie marxiste, le rôle de l’avant-garde est d’influencer la masse des travailleurs, de l’orienter vers la révolution".
Avant-garde est une newsletter mensuelle qui propose des réflexions pour penser le monde qui vient et comprendre les enjeux contemporains. Cette newsletter veut susciter des interrogations, créer le débat et faire des idées et de la pensée la base de toutes actions.
Au sommaire ce mois-ci :
Matière à réflexion : Suivre une autre voie
Nourrir ses idées : L’effet de serre, Ken Saro-Wiwa, l’effondrement, Energies renouvelable, Rouge-Brésil
Gospel : Hubert Reeves
Suivre une autre voie
Responsable d’à peine 4 % des émissions mondiale de CO2, le continent africain n’a qu’une faible responsabilité dans la crise écologique que le monde traverse. Le continent utilise peu d’énergies fossiles (gaz, pétrole) principales responsables de la crise climatique du fait de la faiblesse de son développement économique.
Malgré cette situation, l’Afrique se retrouve face à un dilemme : parier sur l’usage d’énergies fossiles pour continuer son développement ou renoncer à l’usage de ce type d’énergie.
Les énergies renouvelables : la solution
La réponse à ce dilemme est complexe, mais elle trouve sa solution dans le fait de ne pas nier la réalité du changement climatique et dans la recherche d'alternatives aux énergies fossiles. Il faut prendre conscience que ces énergies sont les vestiges d’un monde ancien et penser une autre manière de bâtir une stratégie énergétique. Parier uniquement sur l’énergie carbonée serait une décision ni souhaitable ni judicieuse.
Le continent détient 60 % du meilleur potentiel solaire, 50 % de la capacité éolienne mondiale. Ces chiffres nous montrent qu’il existe une voie à inventer pour que l’énergie qui porte le développement du continent ne soit pas dangereuse pour l’environnement. Le solaire, l’éolien, la biomasse, hydroélectricité, le nucléaire civil sont des pistes à explorer.
Participer à la résolution de la crise écologique passe donc nécessairement par des changements de nos sources énergétiques. Mais la réponse à la crise climatique va au-delà de la question énergétique. C’est tout le modèle économique qu’il faut faire évoluer.
Faire évoluer le modèle économique
La lutte contre le changement climatique ne peut aboutir si nous continuons à inscrire nos économies dans une logique capitaliste où la recherche du profit et la croissance conduisent à l’exploitation massive des ressources naturelles et à la destruction de la biodiversité notamment. Pour les nations du continent africain, marcher aveuglément dans les pas de l’occident sur cette question serait sans doute une erreur.
Suivre le système de développement économique occidental doit s’inscrire dans un horizon limité dans le temps et être une phase de transition qui engendrera un modèle de société en rupture avec le modèle dominant. Au vu de sa faible intégration au sein du système économique mondial, ce changement peut se faire sans remettre en cause fondamentalement la structure économique et sociale des pays du continent.
La création de ce nouveau modèle devra intégrer les progrès que le système actuel a eu le mérite d’apporter tant qu’ils sont en adéquation avec les objectifs de préservation de l’environnement et du mieux-vivre des populations. Il devra être fondé certains aspects : une limitation de la course au profit, une prise en compte de l’environnement dans toutes les décisions économiques, une remise en cause de la société de consommation et un accès juste de toutes les populations aux ressources naturelles.
Nourrir ses idées
Les énergies renouvelables, une alternative crédible
Peut-on se passer des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) dans nos économies, ? Existe-t-il des alternatives pérennes qui nous permettraient de remplacer ces sources d’énergies carbonées ? Face à l’urgence climatique qui force à réduire nos émissions de CO2, changer de sources d’énergies devient une nécessité.
Ce documentaire présente des initiatives innovantes en matière d’énergies vertes qui pourront à terme remplacer les énergies carbonées : usines thermiques combinant énergies éolienne et hydraulique à Madère ; des citoyens propriétaires d'éoliennes sur l’île danoise de Samso ; la géothermie en Islande ; des technologies exploitant les mouvements des vagues et des marées sur l’île écossaise d’Orkney.
Ces exemples montrent qu’un monde en dehors des énergies fossiles est envisageable et que les énergies renouvelables sont crédibles et capables de couvrir nos besoins sans changer nos modes de vie.
Changement climatique de quoi on parle ?
La révolution industrielle a marqué un tournant majeur dans l’histoire de l’humanité, elle a été un formidable outil de création de richesse et de progrès technique. Elle a sans conteste fait rentrer l’humanité dans une ère d’abondance et de prospérité sans égale. Elle marque l’avènement du capitalisme comme le système économique dominant. Le développement de l’industrie, l’exploitation du pétrole et du charbon, l’avènement de la voiture, la mondialisation et la consommation de masse pendant qu’ils portaient la croissance mondiale, étaient à l’origine dans le même temps d’une crise écologique inédite.
Comprendre l’effet de serre
Les gaz à effet de serre (vapeur d’eau le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), l'oxyde nitreux (N2O)) sont naturellement présents dans l’atmosphère. Grâce à eux, la terre absorbe une partie de l’énergie qu’elle reçoit du Soleil, c’est ce qu’on appelle l’effet de serre. C’est ce phénomène qui rend la vie possible sur Terre.
La croissance économique folle débutée avec la révolution industrielle a accru la quantité de gaz à effet de serre présente dans l’atmosphère. C’est cet effet de serre additionnel qui est à l’origine du réchauffement climatique et qui se traduit par une augmentation des températures terrestres depuis le début de l’ère industrielle.
La combustion des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) qui produit du dioxyde de carbone et du protoxyde d'azote, la déforestation qui prive la terre d’arbre qui ont pour fonction d’absorber le CO2, l’élevage qui entraîne la production de méthane par le bétail, l’utilisation d’engrais contenant de l'azote sont les causes principales du surplus d’émissions de gaz à effet de serre et par voie de conséquence du réchauffement climatique.
Ces phénomènes anthropiques entraînent aujourd’hui de nombreuses conséquences qui menacent nos modes de vie et questionnent notre survie : Accroissement des catastrophes naturelles (inondation sécheresse, ) montées des eaux, disparition de la biodiversité, menace sur les rendements agricoles. Cette liste de conséquences n’est pas exhaustive. Le changement climatique, si nous n’y remédions pas, va entraîner des bouleversements sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Ces effets se font déjà sentir dans de nombreuses parties du monde.
L’effondrement !
L’effondrement est une mini-série qui présente différentes situations qui pourraient arriver si notre monde s’effondrait. Elle donne une vision de ce que pourraient devenir nos comportements si toutes nos structures politiques sociales disparaissaient. Les scénarios nous interrogent sur nos choix face à l’imprévu, à l’urgence et à la fin de nos certitudes.
Que feriez-vous si demain notre système s’effondrait ? Comment réagiriez-vous face à une situation de pénurie ? Abandonneriez-vous votre femme pour vous réfugier seul sur une île ?
Votre métier vous permettra-t-il de survivre dans un monde apocalyptique ? Les réponses apportées par la série sont surprenantes.
Tous les épisodes de cette série sont en accès gratuit sur internet et elle vaut le détour !
Ken Saro-Wiwa : martyr de l’écologie
Le 10 novembre 1995, l’écrivain et militant écologiste nigérian Ken Saro-Wiwa est pendu et exécuté par le pouvoir du général Sani Abacha au Nigéria. C’est son combat pour dénoncer les désastres écologiques liés à l’exploitation du pétrole dans le delta du Niger qui entraînera son exécution.
En 1990, Ken Saro-Wiwa co-fonde le mouvement pour la survie du peuple Ogoni (MOSOP) pour défendre le peuple ogoni dont il est issu, face aux abus commis par la compagnie pétrolière Shell et le gouvernement nigérian. L’intensification des manifestations menées par le MOSOP va contraindre le groupe Shell à suspendre ses activités sur les terres Ogoni en 1993.
Le 21 mai 1994, quatre chefs Ogoni sont retrouvés mort lors d'un rassemblement politique. Accusé de ces meurtres, Ken Saro-wiwa est arrêté la même année.
L’histoire du combat avant-gardiste de Ken Saro-Wiwa est à découvrir dans ce documentaire et dans ce podcast.
Rouge Brésil - Jean-Christophe Rufin
Rouge Brésil raconte l'histoire de l’éphémère tentative de colonisation du Brésil par les Français. L’histoire commence en 1555 quand deux enfants, Just et Colombe sont embarqués de force dans une expédition vers le Brésil avec pour rôle de servir d’interprètes auprès des tribus indiennes. C’est à travers le destin de ces deux enfants que Jean-Christophe Rufin nous embarque dans cette extraordinaire aventure où l’idéalisme parfois violent des Français part à l’assaut d’un territoire et de peuples inconnus. Après une longue traversée dirigée par le chevalier de Malte, Nicolas Durand de Villegagnon, l’équipage s’implante sur une île de la baie de Guanabara. C’est le début d’une conquête coloniale qui va s’avérer calamiteuse.
Le livre à travers les yeux des enfants va à la rencontre du nouveau monde et du choc de civilisation qu’engendre cette rencontre. Il offre une expédition vers un monde, celui des Indiens qui n’existe plus aujourd’hui dans sa forme originelle. Le sacré, la cruauté et la beauté de ce monde sont mis en lumière. Dans un environnement étranger, les hommes de l’expédition sont soumis à leurs pulsions et à l’intolérance religieuse qui débouchera sur la fin du rêve coloniale.
Prix Goncourt en 2001, Rouge Brésil raconte cette période trouble et excitante de la découverte du nouveau monde, de sa conquête et des interrogations qu’elle a engendrées
Gospel
« Je pense que l’humanité n’est pas nécessairement la favorite de la nature. Que l’humanité peut très bien disparaître, disait-il. Que nous ne sommes pas une espèce sacrée ! Il y a eu dix millions d’espèces animales jusqu’ici et quelque neuf millions ont été éliminés. Nous ne sommes pas l’espèce élue, comme on l’a cru pendant longtemps. La nature peut très bien se passer de nous. Elle ne nous éliminera pas. C’est nous qui pourrions, nous éliminer. Et si nous nous éliminons, la nature ne fera pas particulièrement un deuil. Elle continuera à développer d’autres espèces en espérant que ces espèces seront plus en mesure de se préserver et de ne pas se laisser détruire. » Hubert Reeves, astrophysicien» Hubert Reeves, astrophysicien